Cette introduction aborde les apprentissages comme des épreuves, au sens pragmatique. En effet, les situations d’apprentissage recouvrent autant de moments où l’action s’interrompt, où la continuité de la pensée est suspendue et où il faut ré-évaluer, re-négocier, s’accorder pour que les choses reprennent leur cours. Ces épreuves façonnent des zones et des motifs de tensions qui font de tout apprentissage une arène où se rencontrent des forces, des conceptions et des attentes multiples. Les études de cas réunies dans ce numéro proposent ainsi d’analyser la manière dont des savoirs et des compétences sont transmis dans le cadre de situations de frottement et de tiraillement impliqués par la confrontation de savoirs et de modes d’apprentissage dont la nature, l’échelle, la perception ou les principes diffèrent. Pour introduire ces ethnographies, nous y relevons trois niveaux de lecture. D’abord, une attention au fait que les tensions traversant les apprentissages portent autant sur leurs contenus que sur leurs formes, sur leurs cadres techniques autant qu’épistémiques. Ensuite, l’ethnographie de ces épreuves permet une articulation des échelles en jeu, des institutions (proches ou lointaines) aux individus (avec leurs aspirations et leurs frustrations). Enfin, les apprentissages sous tension s’inscrivent dans les temporalités en mettant en évidence continuités et discontinuités dans la reconduction du social autant que dans les manières dont les individus cherchent à se projeter dans l’avenir.
mots-clés : apprentissage, conflit, transmission, savoirs, éducation
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Numéro 45 – Juin 2023 Apprentissages sous tension
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