Hesiod’s Theogony and analogist cosmogonies

Philippe Descola’s work on ontologies has created new possibilities for exploring the rich connections between creation myths and their ontological underpinnings. This has proven fruitful in studies of animist and totemist narratives whose myths often …

“The revolution we are living”

This article presents three ethnographic scenes extracted from Brazilian urban life, the earliest dating from 2013. It reflects on the rise of the extreme right in contemporary Brazil, a process that shares similarities with what takes place in many pa…

When ethics runs counter to morals

In the present conjuncture, Brazilian social anthropologists are facing a major challenge to their work. I suggest that this happens because of anthropology’s central dependence on the ethnographic method. The ethnographer’s direct contact with the peo…

“A mad exuberance”: The globalization of luxury

The issue of the circulation of luxury commodities and of the evolution through which it is going becomes fully meaningful when addressed within the context of an anthropology of globalization that analyzes the nature and impact of flows on contemporar…

Des digues agricoles entre intérêt général et bien commun

Les conflits entre acteurs publics de l’eau et agriculteurs privés sont souvent présentés comme la confrontation d’intérêts antagonistes, opposant l’intérêt général aux intérêts particuliers, et les valeurs écologiques aux valeurs économiques. L’élaboration d’un plan de gestion du Buëch (Hautes-Alpes) a localement déclenché ce type de conflit, et ce malgré la démarche de concertation initiée par les gestionnaires du bassin versant. L’objectif consistant à redonner un espace de libre expansion à la rivière a en effet suscité la vive opposition des agriculteurs et des élus locaux, car ce projet implique la destruction de digues agricoles séculaires. En s’attachant à décrire les différentes dimensions de ce conflit, cet article montre la pluralité des rationalités environnementales et des subjectivités morales qui sous-tendent les positions des différents acteurs, ainsi que leur caractère politique. Cette contribution déconstruit la représentation d’un intérêt général univoque qui s’opposerait à des intérêts particuliers comptables, et appelle à reconnaître la diversité des modes d’attachements à la nature et des façons de se soucier du bien commun.

mots-clés : eau, agriculture, Hautes-Alpes, conflit, rationalité environnementale, subjectivité morale.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Déambulations dans la rue Didouche Mourad (Alger-centre) et au-delà. Problématique de la mixité genrée dans l’Algérie contemporaine

À partir d’une ethnographie du centre-ville d’Alger (alentours de la rue Didouche Mourad) et de plusieurs villes intérieures (plus conservatrices) du pays, cet article questionne la place actuelle des femmes dans l’espace public algérien et, plus largement, le problème de la mixité des genres. Ainsi montre-t-il comment le processus de réislamisation, à l’œuvre depuis les années 1980/1990, s’accompagna d’un voilement des femmes et de la réaffirmation d’un patriarcat fort. Ce processus est néanmoins remis en cause aujourd’hui par un militantisme féministe actif. Les déambulations, les ambiances captées aux coins des rues, les descriptions des modes vestimentaires, l’observation des attitudes des hommes et des femmes et les entretiens réalisés dans les régions d’Alger et de Blida dépeignent ces normes de comportements de genres ainsi que leur contestation.

mots-clés : Alger ; genre ; islam ; espace public.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Du bricolage interdisciplinaire. Un dispositif expérimental de réalité virtuelle entre neuropsychiatrie et sciences sociales

Quels sont, d’un point de vue socio-anthropologique, les tenants et les aboutissants d’une expérimentation en neuropsychiatrie, présentée comme visant à augmenter l’efficacité thérapeutique d’un dispositif de réalité virtuelle (RV) dans le traitement de l’acrophobie ? L’analyse des attentes et des rationalités des professionnels interviewés et/ou observés (médecins, psychologues et neuroscientifiques) permet de mettre en parallèle des biais méthodologiques, sociaux, éthiques et cognitifs qui pèsent sur les résultats obtenus. Le faible nombre de patients inclus dans le protocole (biais méthodologique) est une incidence du biais social (absence de considération des caractéristiques sociales) et du biais éthique (non inclusion en amont des patients ou des représentants d’associations de malades dans la conception et en aval dans la mise en œuvre de la recherche). Cet article montre enfin que, du fait d’une représentation scientiste des troubles et du patient (biais cognitifs), les professionnels ont aussi sous-estimé le rôle des patients observés dans la maîtrise de l’outil virtuel.

mots-clés : recherche interdisciplinaire, participation des patients, santé mentale, biais cognitifs, réalité virtuelle.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Incidents heuristiques. Aléas de l’enquête et rebonds de l’ethnographe

Longtemps tues, minorées ou reléguées à un « hors texte », les mésaventures de l’ethnographe sur son terrain sont au cœur de ce dossier. Les contributions de ce numéro d’ethnographiques.org abordent les obstacles, échecs et déboires auxquels les chercheurs en sciences sociales sont très souvent confrontés sur leurs terrains, en faisant le pari de leur intérêt heuristique. Incidents, accidents, malentendus, erreurs, tensions, gaffes, constituent autant d’expériences riches d’enseignements, à la condition qu’ils fassent l’objet d’une réflexion critique. Onze chercheurs partagent ici leurs expériences et leurs réflexions, dans différents contextes et régions du monde (Kazakhstan, Ouzbékistan, Inde, France, Cameroun, Québec, Brésil, Canada, États-Unis, Espagne, Équateur, réseaux sociaux numériques).

mots-clés : incidents, accidents, malentendus, terrain, ethnographie, affect, réflexivité


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

La raison analytique des gaffes ethnographiques

À partir de trois exemples de gaffes ethnographiques commises dans des contextes différents, cet article interroge l’intérêt et la pertinence des impairs qui conduisent l’enquête sur des chemins de traverse producteurs de données inédites. Le premier exemple relate une interaction particulière avec un groupe de femmes dans les steppes kazakhes, le second se passe dans la vallée du Ferghana auprès d’une guérisseuse ouzbèke et le troisième se déroule au Ladakh lors d’une séance d’oracle. Dans les trois cas, l’impéritie initiale transforme la relation ethnographique et aboutit à la production de données qui permettent de complexifier l’analyse de ces situations.

mots-clés : gaffe ethnographique, Asie Centrale, Ladakh, genre, chamanisme.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Vingt ans plus tard : retour sur une bérézina ethnologique

Au milieu des années 1990, le Service du Patrimoine du Conseil général du Lot-et-Garonne prend en charge le musée de Mézin, réalisé une quinzaine d’années plus tôt par un groupe de bénévoles de ce chef-lieu de canton, et procède à sa restructuration. L’objectif de cette modernisation est de transformer ce musée du local en un musée spécialisé dans l’industrie bouchonnière qui assura, jusqu’aux années 1960, la prospérité de la petite cité. C’est dans ce cadre-là que Véronique Moulinié, alors jeune chercheuse hors statut, est mandatée pour mener une ethnographie des gestes et savoirs nécessaires à la production de bouchons, laquelle doit alimenter la nouvelle scénographie. Or, l’enquête s’avère impossible à réaliser, les bouchonniers refusant, pour la plupart, de parler de leur expérience. Dans cet article, elle analyse les raisons de ce qui est longtemps resté pour elle un cuisant fiasco, autant dû aux particularités du terrain qu’à son inexpérience de la recherche sur commande.

mots-clés : recherche sur commande, industrie bouchonnière, patrimoine, musée, bénévolat, professionnalisation


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Positionnalité et réflexivité : retour sur quelques incidents ethnographiques sur des terrains du “proche” (Yaoundé) et du “lointain” (Montréal)

Sur le terrain, la proximité culturelle du chercheur avec la société étudiée lui donne une assurance qui ne lui garantit pas d’emblée ni la facilité dans les contacts, ni la confiance des acteurs sur le terrain. Cet article en donne une illustration en analysant quelques incidents qui ont jalonné mes récentes activités ethnographiques à Yaoundé, ma ville natale, et qui m’auront poussé à réfléchir aux motivations profondes de ma recherche. Il apparaît alors que la collecte des données demeure une négociation continuelle avec les acteurs, comme le montre également mon expérience auprès des immigrants pakistanais à Montréal. L’important n’est donc pas d’observer et de parler de l’intérieur ou de l’extérieur, puisque c’est toujours à partir d’une position qu’on voit et parle, mais de démontrer en quoi cette position permet ou non de mieux rendre compte du sujet abordé.

mots-clés : positionnalité, réflexivité, ethnographie, insider, pentecôtisme, musulman, immigrants, interdisciplinarité, éthique, Yaoundé, Montréal.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

L’insoutenable légèreté d’être sur le terrain : violence urbaine, anthropologie engagée et défis de représentation dans un quartier brésilien

Dans cet article, je présente l’expérience de mon terrain de quinze mois à Fortaleza, au Brésil. L’expérience de la violence ainsi que la nature sensible de ce terrain ont alimenté des réflexions épistémologiques qui conduiront à une reconfiguration du projet de recherche. Ces réflexions concernent d’une part la pratique de l’anthropologie engagée, et d’autre part les politiques de représentation du terrain.

mots-clefs : violence, Brésil, anthropologie engagée, politiques de représentation, terrain sensible


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques

Rencontre manquée dans l’Arctique. Colonialisme et conflits ontologiques sur le terrain

Cet article propose de démêler les fils d’une rencontre manquée et de comprendre ses conséquences sur ma façon d’aborder le terrain et l’anthropologie. Il invite à explorer les grandes transformations qui se sont produites dans le champ des études inuit au cours des dernières décennies et à analyser les implications de l’irruption des Autochtones dans le domaine de la recherche. Désormais désireux de contrôler toutes les étapes de la recherche, les Inuit questionnent la légitimité des anthropologues à entreprendre des projets de recherche dans leurs communautés et sur leurs territoires. Ils critiquent vivement l’héritage colonial de la discipline et son épistémologie rationaliste. Confrontés à ces critiques, les anthropologues sont contraints de s’engager dans une anthropologie au service des Autochtones. Cet engagement et le recours à la réflexivité s’avèrent nécessaires pour pouvoir continuer à penser librement. Au-delà des enjeux de pouvoir soulevés par l’irruption des Autochtones dans la recherche, les critiques adressées aux anthropologues questionnent la validité des méthodes et des fondements épistémologiques de notre discipline et nous conduisent à nous interroger sur les bases à poser pour produire une autre anthropologie.

mots-clés : Ethnographie, terrain, décolonisation de la recherche, anthropologie réflexive, ontologies, indiscipline, épistémologie autochtone, Autochtones, Inuit.


Numéro 39 – juin 2020 Incidents heuristiques