L’enquête handicapée ? Enquêter auprès de jeunes dits handicapés mentaux ou ayant des troubles psychiques : entre bricolage et modestie méthodologique

Comment mener des entretiens avec des enfants ? Comment nouer une relation d’enquête par-delà les différences de statut et d’âge entre enquêteur et enquêté ? Ces difficultés méthodologiques se doublent le plus souvent de difficultés juridiques et éthiques, puisque la “minorité” des enfants nécessite d’obtenir des autorisations et de prendre des précautions pour recueillir leur parole et effectuer des observations au sein des institutions qui les accueillent. Lorsqu’en plus il ne s’agit pas d’enfants et d’adolescents “ordinaires”, les obstacles semblent plus saillants encore, voire insurmontables. C’est le cas de plusieurs de nos terrains, qui ont porté sur des enfants et/ou des adolescents dits handicapés mentaux, ayant des troubles psychiques ou des problèmes de comportement. Cet article propose de montrer que les manières d’enquêter auprès de ces jeunes ne nous semblent pas devoir être forcément différentes de celles employées pour d’autres sujets, à condition de ne pas sacraliser l’entretien individuel semi-directif. Nous verrons en quoi nos terrains n’étaient pas spécialement difficiles à mener et pourquoi, tout au contraire, ils se sont révélés plutôt accueillants et ouverts pour l’enquêteur.

mots-clés : handicap mental, troubles psychiques, enfants, adolescents, ethnographie, institutions


Numéro 43 – Juin 2022 Enquêter avec les enfants et les adolescent·e·s