Vierges sacrées chinoises et dévotions mariales : Notre Dame de Chine de Paris

Nichée au cœur de la paroisse St Hyppolite du XIIIe arrondissement de Paris, Notre Dame de Chine fournit l’intrigue qui motive et oriente un parcours comparatif des images cultiques de la Vierge Mère qui circulent au sein du catholicisme chinois. Le paradoxe des Vierges à l’enfant alimente un double processus de symbiose syncrétique et de synthèse, dans les récits légendaires, les sites cultuels comme dans la statuaire des temples, entre la figure de Guanyin, la déesse mère à la fleur de lotus des dévotions bouddhistes, et la Madone à l’enfant des missions étrangères adoptée par les chrétiens chinois. Les glissements de sens et le fondu enchaîné des images cultiques masquent les métamorphoses de la « Dame blanche », vierge porteuse d’enfants, à bonne distance des déesses de la compassion Guanyin et Mazu qui sortent dans la rue, notamment lors des fêtes du Nouvel An chinois. La rencontre entre la dévotion mariale et la piété filiale de la messe des ancêtres, inscrite dans la liturgie de Notre Dame de Chine, en écho à l’ancienne querelle des rites, relève des bricolages d’un catholicisme « inculturé » qui entend s’affirmer comme une composante authentique de la religion chinoise.

mots-clés : comparaison, Catholicisme chinois, symbiose syncrétique, déesse des dévotions bouddhistes, métamorphoses de la vierge porteuse d’enfants, dramaturgie du nouvel an chinois.


Numéro 41 – juin 2021 Ce que la comparaison fait à l’ethnographie

/

Comparer l’invisibilisation des techniques dans le travail de narration audiovisuelle d’un grand spectacle : un siècle de production filmique sur la Fête des Vignerons

Cet article propose de comprendre comment les travaux de captation, de médiation et de narration audiovisuelles participent à la construction de représentations audiovisuelles d’une performance scénique, la Fête des Vignerons de Vevey. L’article revient sur l’invisibilisation de ces activités dans les productions patrimoniales qui en résultent. Il s’appuie sur deux méthodes, l’observation ethnographique permettant de saisir le réseau sociotechnique complexe de la fabrique audiovisuelle et les moments-clés durant lesquels la narration du produit audiovisuel et l’invisibilisation des techniques de captation et de médiation sont co-construites, ainsi que la mise en comparaison d’images d’archives permettant de saisir en partie ce réseau sociotechnique et les re-mobilisations de sa narration audiovisuelle. Comment étudier les représentations visuelles d’une même célébration patrimoniale à travers plus d’un siècle ? Est-il possible de produire des connaissances en comparant les représentations audiovisuelles de cette célébration ? Comment, dans chacun de ces cas, se (re)construit la narration audiovisuelle et comment cette construction est rendue invisible dans les produits ensuite mis en circulation ? Qu’est-ce qu’une telle démarche peut nous apprendre des procédés de patrimonialisation à l’œuvre ?

mots-clés : comparaison, narration audiovisuelle, spectacle, analyse d’images, film, invisibilisation, Fête des vignerons, ethnographie, vidéo-ethnographie, réflexivité méthodologique, patrimonialisation


Numéro 41 – juin 2021 Ce que la comparaison fait à l’ethnographie

/