Vingt ans plus tard : retour sur une bérézina ethnologique
Au milieu des années 1990, le Service du Patrimoine du Conseil général du Lot-et-Garonne prend en charge le musée de Mézin, réalisé une quinzaine d’années plus tôt par un groupe de bénévoles de ce chef-lieu de canton, et procède à sa restructuration. L’objectif de cette modernisation est de transformer ce musée du local en un musée spécialisé dans l’industrie bouchonnière qui assura, jusqu’aux années 1960, la prospérité de la petite cité. C’est dans ce cadre-là que Véronique Moulinié, alors jeune chercheuse hors statut, est mandatée pour mener une ethnographie des gestes et savoirs nécessaires à la production de bouchons, laquelle doit alimenter la nouvelle scénographie. Or, l’enquête s’avère impossible à réaliser, les bouchonniers refusant, pour la plupart, de parler de leur expérience. Dans cet article, elle analyse les raisons de ce qui est longtemps resté pour elle un cuisant fiasco, autant dû aux particularités du terrain qu’à son inexpérience de la recherche sur commande.
mots-clés : recherche sur commande, industrie bouchonnière, patrimoine, musée, bénévolat, professionnalisation