Vierges sacrées chinoises et dévotions mariales : Notre Dame de Chine de Paris

Nichée au cœur de la paroisse St Hyppolite du XIIIe arrondissement de Paris, Notre Dame de Chine fournit l’intrigue qui motive et oriente un parcours comparatif des images cultiques de la Vierge Mère qui circulent au sein du catholicisme chinois. Le paradoxe des Vierges à l’enfant alimente un double processus de symbiose syncrétique et de synthèse, dans les récits légendaires, les sites cultuels comme dans la statuaire des temples, entre la figure de Guanyin, la déesse mère à la fleur de lotus des dévotions bouddhistes, et la Madone à l’enfant des missions étrangères adoptée par les chrétiens chinois. Les glissements de sens et le fondu enchaîné des images cultiques masquent les métamorphoses de la « Dame blanche », vierge porteuse d’enfants, à bonne distance des déesses de la compassion Guanyin et Mazu qui sortent dans la rue, notamment lors des fêtes du Nouvel An chinois. La rencontre entre la dévotion mariale et la piété filiale de la messe des ancêtres, inscrite dans la liturgie de Notre Dame de Chine, en écho à l’ancienne querelle des rites, relève des bricolages d’un catholicisme « inculturé » qui entend s’affirmer comme une composante authentique de la religion chinoise.

mots-clés : comparaison, Catholicisme chinois, symbiose syncrétique, déesse des dévotions bouddhistes, métamorphoses de la vierge porteuse d’enfants, dramaturgie du nouvel an chinois.


Numéro 41 – juin 2021 Ce que la comparaison fait à l’ethnographie

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