Quand des intrus forcent les portes de l’institution, les règles vacillent. Entretien avec Florence Pizzorni
À partir des nombreuses expériences professionnelles de Florence Pizzorni, matière première de plusieurs articles publiés dans différentes revues, cet entretien aborde la question de l’intrusion dans les musées en explorant différentes échelles de perturbations. Il peut s’agir de celles causées par un objet présent dans les collections et qui devient source d’inquiétude ou de tourment pour le personnel, mais aussi d’objets qui, par leur nature ordinaire, triviale, indigne, ébranlent les critères habituels servant à qualifier les objets dotés d’une valeur muséale. Simple carton de SDF, vélo « atypique » par exemple. Ces objets de musées sont des intrus dans le monde des musées ; ils nécessitent, de la part des professionnel, un traitement spécifique, les normes qui régissent les opérations de conservation et de restauration étant singulièrement inappropriées pour eux. Courent en filigrane de cette discussion les difficultés d’insertion du MNATP dans le champ muséal, le décalage perpétuel qui existait entre cet établissement issu du monde de la recherche et le cénacle des grands musées de beaux-arts. Le propos de Florence Pizzorni contribue à mieux saisir les questions que soulève la prise en compte du patrimoine immatériel dans les pratiques muséographiques et expographiques des musées d’anthropologie.
mots-clés : musée, musée de société, musée d’ethnologie, sorcellerie, exclusion, collection de musée, patrimoine culturel immatériel (PCI)