Rencontre manquée dans l’Arctique. Colonialisme et conflits ontologiques sur le terrain
Cet article propose de démêler les fils d’une rencontre manquée et de comprendre ses conséquences sur ma façon d’aborder le terrain et l’anthropologie. Il invite à explorer les grandes transformations qui se sont produites dans le champ des études inuit au cours des dernières décennies et à analyser les implications de l’irruption des Autochtones dans le domaine de la recherche. Désormais désireux de contrôler toutes les étapes de la recherche, les Inuit questionnent la légitimité des anthropologues à entreprendre des projets de recherche dans leurs communautés et sur leurs territoires. Ils critiquent vivement l’héritage colonial de la discipline et son épistémologie rationaliste. Confrontés à ces critiques, les anthropologues sont contraints de s’engager dans une anthropologie au service des Autochtones. Cet engagement et le recours à la réflexivité s’avèrent nécessaires pour pouvoir continuer à penser librement. Au-delà des enjeux de pouvoir soulevés par l’irruption des Autochtones dans la recherche, les critiques adressées aux anthropologues questionnent la validité des méthodes et des fondements épistémologiques de notre discipline et nous conduisent à nous interroger sur les bases à poser pour produire une autre anthropologie.
mots-clés : Ethnographie, terrain, décolonisation de la recherche, anthropologie réflexive, ontologies, indiscipline, épistémologie autochtone, Autochtones, Inuit.