Désordres affectifs dans l’institution muséale. Éclairages littéraires par Javier Marías, Thomas Bernhard et Ben Lerner
Si la visite au musée était un topos du roman d’éducation du XIXe siècle, le roman contemporain est plus que jamais fasciné par les interactions possibles entre ses personnages et le musée, d’un point de vue aujourd’hui élargi à tous les acteurs de l’institution (visiteurs réguliers ou occasionnels, gardiens, conservateurs, experts etc.). Les ressorts de la fiction – caractérisation, dramatisation et invention – permettent de créer des situations imaginaires, incongrues ou extravagantes, qui problématisent la complexité de la relation à l’art aujourd’hui. Cette contribution propose de faire dialoguer les textes de trois romanciers (Javier Marías, Thomas Bernhard et Ben Lerner) qui chacun invitent les lecteurs à repenser un certain nombre de paradigmes liés à l’émotion forte qui peut se produire dans un contexte institutionnel invitant traditionnellement à la réserve et la déférence. Par le dispositif de médiation qu’ils mettent en œuvre entre visiteur, gardien, expert ou directeur de collection, ces extraits exacerbent les contradictions inhérentes à l’institution muséale pour en déstabiliser les discours traditionnels.
mots-clés : le musée dans la littérature, expérience esthétique, roman conservatoire, émotions, détachement, fictionalité, référentialité, Javier Marías, Thomas Bernhard, Ben Lerner