Les pratiques de transmission du théâtre chanté chinois dans « l’espace du peuple ». Traditions, modernité, officialité
De longues enquêtes réalisées en Chine entre 2000 et 2018, relatives à différentes pratiques théâtrales de la campagne et de la ville, ont fourni des données permettant d’analyser leurs formes de transmission. Les analyses du terrain chinois doivent prendre en compte des distinctions radicales opérant sur trois plans : historique (avec la date-rupture de la prise de pouvoir du Parti communiste en 1949 qui instaure une nouvelle société) ; structurel (avec la distinction pérenne entre deux sphères sociales nommées « espace officiel » et « espace du peuple ») ; et urbanistique (avec la politique actuelle visant 70 % d’urbains en 2025). Les réformes des années 1980 ont permis aux sociétés locales de renouer avec l’« espace du peuple » en retrouvant des formes théâtrales traditionnelles où se pratique un enseignement alliant la relation privilégiée entre maître et disciple, la formation par symbiose dans le partage des activités, et de fortes contraintes physiques. Mais les années Xi Jinping (depuis 2012) tendent à uniformiser la société en écrasant « l’espace du peuple » et les traditions de transmission théâtrale au profit d’écoles de théâtre urbaines. Désormais, le Parti s’immisce dans tous les cercles du théâtre pour mieux les contrôler, tandis que les relations sociales communautaires évoluent vers un individualisme cependant dépourvu de toute possibilité de mettre en pratique des rapports plus libres et égalitaires.
mots-clés : Chine, théâtre chanté chinois, formation, modernité, tradition, officialité